Vous est-il
déjà arrivé de gaffer au point de vouloir changer d’identité ? D’avoir honte à
vouloir quitter le pays ? De commettre une bêtise à se mordre le front? D’avoir
un foutu mal de tête à force de voir passer en rediffusion la scène à oublier dans votre esprit? Vous est-il
arrivé de manquer de jugement au point que, si vous vous trouvez sur un navire
qui coule à pic, on sauvera l’équipage mais on vous laissera sur le bateau ?
Que si vous êtes en montgolfière et que vous devez sacrifier quelqu’un pour
gagner de l’altitude, c’est vous qu’on larguera ?
Je connais
quelqu’un de ce genre… En fait… disons plutôt… une connaissance de loin. Il s’agit de quelqu’un de mon entourage qui
m’a raconté une histoire vraiment « pissante » à son sujet… Une histoire invraisemblable qui n’existe que
dans les films. J’aimerais beaucoup vous la raconter, mais j’ai fait la
promesse de n’en parler à personne… Je comprends mon confident d’avoir insisté
à garder le secret, car ce qu’il a fait vivre à sa famille est très gênant.
S’il avait été d’une autre époque, il aurait été lapidé, jeté à la mer ou donné
aux fauves pour être châtié. Il a préféré garder le silence pour sauver son
honneur et celle de ses proches. Il tient à éviter l’humiliation ainsi que sa
déportation au milieu du Pacifique.
Au fond, ce
qu’il a fait n’est pas si grave… mais tellement « pissant »….!
Il faut
absolument que vous sachiez cette histoire. Mais afin de ne pas trahir la
promesse que j’ai faite à mon confident, je vais changer son nom pour respecter
son anonymat. Appelons-donc le gaffeur
de notre histoire : Gaston
Gaston était
enfin en vacances. Gaston avait une femme et trois enfants. Gaston avait envie
de faire du camping avec sa famille. Sa femme aime beaucoup cette activité mais a une peur
bleue des ours. Cette peur incontrôlable se déclenche aussitôt que la
réservation est confirmée sur internet. Gaston se fait immédiatement rassurant et
convint sa tendre moitié que les ours existent seulement dans les histoires de
peluche et que la présence de campeurs dans une forêt n’intéresse pas les ours, car ils sont trop
occupés à dévorer les orignaux.
Gaston aime
camper à la réserve faunique de la Mastigouche. Les terrains sont distants. La
verdure dense. Les voisins éloignés. Gaston aime bien être en communion avec la
nature. Il n’aime pas être en communion avec des roulottes voisines qui se croient-
seul –au-monde- en-écoutant -my heart
will go on- au-maximum. Gaston aime la tranquillité.
Gaston et sa
famille arrivent à destination. C’est le paradis souhaité. Il n’y a que deux familles
de campeurs sur 20 emplacements. Le séjour sera paisible. Céline ne sera pas du rendez-vous cette fois-ci. Gaston est
soulagé. Gaston monte le campement comme tout bon homme de cro-magnon sait le faire.
Il prépare le feu de bois. ‘’Patente’’ une toile à travers les arbres pour
lutter contre les averses. Puis s’assoit, une Heineken à la main pendant que sa
femme fait tout le reste….
Gaston et sa famille vont à la plage. La femme
de Gaston n’a pas peur. Gaston l’a bien avisée qu’il n’y a pas de Piranha et de
requins au Québec. Gaston fait du canot avec les enfants, des châteaux de sable
et ramasse des couleuvres vénéneuses (Il avoue que cette petite menterie ''sucré'' a pour but que sa femme l'admire pour son courage et
qu’elle peut définitivement se sentir en sécurité auprès de lui!)
Le soir venu
juste avant le souper, les enfants demandent à Gaston de jouer à la forêt
des Lutins. Gaston hésite un peu mais doit plier devant l’insistance de
la marmaille. Le jeu de la forêt des lutins est un rituel de
plein air inventé par Gaston et sorti tout droit de son imaginaire.
Ce jeu
inventif va comme suit : Les enfants vont dans la tente pour ne pas être
témoins des préparatifs. Le maître du jeu (Gaston ) doit d’abord tracer un parcours
à travers les arbres à l’aide d’une longue corde. Tout au long de ce trajet (qui
devra être ensuite parcouru les yeux bandés) les concurrents devront subir
quelques farces et attrapes du type : Marcher sur des jouets pour animaux,
être vaporisés d’eau, entendre de petits rires de lutins, recevoir au visage
une araignée en plastique etc. Évidemment, les rires et les sursauts du
concurrent #1 font « capoter » le concurrent #2 qui est toujours dans
la tente; en attente de jouer; ne voit
toujours rien mais qui entend tout…
Gaston a
toujours eu beaucoup de plaisir à organiser ce rituel qu’il réserve uniquement lors des
séjours de camping familial. Toujours motiver par le dépassement de soi et le désir d'épater la galerie, Gaston
voulait que le parcours soit plus surprenant que les années précédentes.
Puis un éclair de génie lui traversa l’esprit. (Cette idée lumineuse s’avérera
plus tard pas plus brillante que la
lumière du coffre à gant de la voiture…)
Il s’empare
du pot de beurre d’arachide et décide d’en répandre un peu
ici et là sur la corde : POUR DONNER UNE SENSATION COLLANTE ET DÉGEU….qui disait….
Voilà le
tour est joué! On peut maintenant commencer.
Le
concurrent #1 débute le parcours. Il est nerveux comme à chaque fois. Il ne sait
pas ce qu’il l’attend. Il avance tranquillement. Avec prudence. Il met le pied sur
un canard de bain qui lâche un petit cri. Petit fou rire. Il chasse d’une main
une branche qui ne cesse de le pourchasser en lui chatouillant les oreilles. Il
ne quitte pas la corde qui le guide jusqu’au moment où il met les mains dans le
beurre d’arachide.
Et Vlan ! L’effet
bœuf recherché!
-Woach!
Qu’est-ce que c’est que ça ? Cris le concurrent # 1 en essuyant ses mains sur
lui et sur l’écorce de l’arbre qui était
à ses cotés…
Gaston se
retient pour ne pas rire. Il est content et se trouve inventif. Maman qui
n’avait pas été témoin des préparatifs devient blanche au fur et à mesure que
le jeu se déroule.
Gaston prend conscience des conséquences de
son trop plein d’imagination, pendant que la mascarade ce répète pour le concurrent
#2.
Sa commence
à sentir le beurre d’arachide à plein nez et à des kilomètres à la ronde. Le concurrent
#2 continu sa route et prend plaisir à étendre le crémeux mélange tout au long
du parcours.
Gaston ne
rit plus. Pas même jaune… Il est grand temps que le jeu se termine.
Il regarde
autour de lui. Il réalise davantage la solitude de son campement au milieu de
la forêt. Pour la première fois, il souhaite entendre My
heart will go on à tue tête pour la sécurité de tous…
Il décide
d’aller doucher les deux petites arachides le temps de réfléchir sur la
situation. Il avait deux problèmes à résoudre. Primo : Calmer la panique
montante de ma blonde. Deuxio : Prendre et annoncer aux enfants l’odieuse
décision qu’il va falloir quitter les lieux et revenir à la maison.
Après avoir
minutieusement nettoyé le beurre d’arachide que chacun avait de collé dans les
oreilles, nous revenons voir si maman avait repris ses couleurs.
Pas
vraiment. Bon.
Je m’ouvre
une Heineken en canette. Je m’assois auprès du feu. J’écoute le silence.
Un bourdonnement se fait entendre dans ma
tête : On part-tu ? On reste-tu ? On part-tu ? On reste-tu ? On part-tu ?
On reste-tu ? On part-tu ? On reste-tu ? On part-tu ? On reste-tu ? On part-tu
? On reste tu ?
Puis une
bataille d’écureuils éclate sur l’arbre sur lequel le beurre d’arachide s’était
le plus incrusté dans l’écorce. Je fini ma bière d’un trait et je dis :
-On
décriss!!!!!
...........Hein ! ...Je
vous l’avais dit que cette histoire était pissante…!!!
Je n’en
reviens pas de ce Gaston! Quel idiot ce
Gaston… Vraiment con ce Gaston… Pas très
futé le gars…
Heureusement
pour moi qu’il ne s’agit que d’une connaissance… Il me ferait trop honte!
Janvier 2010
Très drôle, encore un beau compte, quel talent!
RépondreSupprimerPour moi , Gaston est Jocelyn ????
RépondreSupprimermoi je confirme aussi c'est Jocelyn, juste par la heineken ;)
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