Les
histoires qui nous font rêver ont souvent la même structure : Vêtue de haillon, la pauvre Cendrillon ne
pouvait aller au bal - ou bien – Céline était triste à Charlemagne et rêvait
de conquérir Las Vegas…
Parmi
toutes les histoires enchantées les plus adorables, il y a celles aussi qui
mettent en scène des chiens comme héros. Nous n’avons qu’à nous rappeler celle
de : Lassie, le Vagabond, Benji, Balto, Les 101 Dalmatiens, Rox et Rouky,
Belle et Sébastien, sans oublier la scène inoubliable du spaghetti à la
boulette de viande de La Belle et le Clochard de Walt Disney.
Histoires
classiques me direz-vous, mais j’en ai une à vous raconter qui tient d’un conte
de fée tellement elle est surréaliste. Cette histoire n’a pas été inspirée d’un
fait vécu. Elle fut un fait vécu. Elle n’a pas été orchestrée par un metteur en
scène quelconque. Elle s’est déroulée tel que je vais vous la raconter.
Voici
comment débute l’histoire de Chanel
et son fabuleux destin.
Bien
qu’elle soit heureuse, elle commence néanmoins par une triste situation.
Cette
histoire se passe au 48 Lemoyne. La demeure familiale de
l’un de mes vieux copains. Ce jour là, une bien triste nouvelle fut annoncée
quant à l’état de santé de la mère de famille. Un deuxième cancer est apparu
suite à une rémission et laisse entrevoir au cours des prochains mois le pire à
venir. La mère de famille formule aussitôt le souhait de demeurer chez elle
tout au long de ses traitements. Si elle devait mourir prochainement, elle
tenait de tout cœur que ce soit à la maison.
Dans
de telles circonstances, rien de mieux que de faire entrer de la vie chez soi
pour y éloigner la mort.
Voilà
pourquoi, on lui donna pour animal de compagnie : Un gentil Wheaten Terrier
à qui on donna le nom de Chanel.
« Une
petite ambiance s’impose. Faites jouer la trame sonore d’Amélie Poulain et
poursuivez votre lecture »
Chanel est
une gentille petite chienne bouclée. Chanel
aime : prendre des marches. Chanel
aime aussi sauter et s’exciter lorsqu’elle entend la sonnette de la maison.
Elle aime déterrer les os qu’elle a cachés dans la cour… Bien les lécher et les
enterrer de nouveau… en vain. Sur la route, elle aime sortir sa tête par la
fenêtre de l’auto et courir après les moufettes.
Chanel n’aime
pas : être arrosée par les moufettes… Être tirée par
la queue et qu’on lui renifle le péteux… Chanel
n’aime pas les restant de table et se faire tondre comme un caniche.
Il
n’a pas fallu grand temps pour qu’une grande complicité s’installe entre Chanel et sa maîtresse. Les animaux ont
ce sixième sens qui les rend souvent moins bêtes que les humains et le système
de santé…
Deux
ans de traitements à domicile ont passé. Au cours d’une sieste d’après-midi un
ange passa. La maitresse ferma ses yeux.
La lumière était douce. Elle était maintenant bien là où elle était rendue et
ne souffrait plus. Enfin.
Chanel
était triste. Elle qui prenait ses fonctions de zoothérapeute à cœur. En perdant
sa maîtresse, elle redevenait la simple chienne qu’elle aurait du toujours avoir
été : Celle qu’on doit sortir pour une promenade et que l’on doit
contrôler pour ne pas qu’elle aboie.
C’est
avec beaucoup d’émotions et de tristesse, que pour le bien de chacun Chanel fut donnée à une famille
d’accueil qui fit la promesse d’en prendre bien soins. Le nouveau refuge de Chanel aurait fait l’envie de bien des chiens de ruelle. Il n’y rien
de mieux que de vivre à la campagne, sur une ferme en compagnie de jeunes
enfants.
Chanel est
quand même triste. Elle n’a pas un aboiement à dire. Elle rassemble son bol, sa
laisse et quitte le 48 Lemoyne sans trop agiter son p’tit bout de queue, laissant
un tas de souvenirs derrière elle.
Malgré
toute la gentillesse de ses nouveaux maîtres, Chanel n’aime pas son nouvel environnement. Elle a le mal du pays.
Elle s’ennuie de sa maîtresse et du 48 Lemoyne. Elle aurait pu fuguer
comme Le Vagabond, mais pour aller
où ? Elle n’a même pas de quoi se payer un spaghetti à la boulette de
viande….
Le
comportement délinquant des dernières semaines a forcé le retour de Chanel à son premier propriétaire qui
par ses déplacements réguliers ne pouvait définitivement plus s’en occuper. Il
fallait à tout prix lui trouver une autre famille d’accueil.
On
doit savoir que le pelage des Weaten terrier a quelque chose de particulier. Il
s’apparente plutôt à des cheveux que des poils d’animaux. Par conséquent, pas
de poils sur le canapé, pas le désagrément d’odeur de chien mouillé et aucune
réaction ou incommodation pour ceux qui ont des allergies.
Voilà
une bête idéale pour mon ami Patrick et sa copine qui ont entendu parler du
triste sort de la gentille chienne et qui ont manifesté aussitôt l’intérêt de
l’adopter. Chanel quitte à nouveau le
48
Lemoyne pour le 3251 Louis-Veuillot. Cette fois-ci
pas de fermette à la campagne au programme, mais une galerie au sommet d’un 4
et demi. Chanel retrouve néanmoins le goût de vivre et sautille de nouveau à
chaque fois que l’on sonne à la porte.
Quatre
années passèrent. La venue d’un bébé presse le jeune couple à trouver une
maison pour la famille qui s’agrandit. A cette même époque, le marché de
l’immobilier est fébrile. Les taux d’intérêts n’ont jamais été aussi bas. Les
maisons se vendent comme des Super 7 lorsque le gros lot est de 40 millions.
Mon ami Patrick avait entendu dire que le 48
Lemoyne, qu’il connaissait bien, était à vendre. Il n’était pas question de manquer cette occasion.
Une offre fut présentée et Chanel eu la surprise de sa vie quelques semaines
plus tard de retourner là où elle n’aurait jamais dû partir : Le 48 Lemoyne.
Comme
quoi les histoires fabuleuses ne se passent pas uniquement entre Charlemagne et
Vegas. Que les chiens eux aussi peuvent avoir un destin fabuleux.
Et
que surtout les gens que nous avons aimés et qui nous ont subitement quittés
sont toujours là pour veiller sur ceux qui reste.
Août
2007
Wow. j'ai une larme à l'oeil. J'ai aussi bien connu, le 48 Lemoyne.
RépondreSupprimermarc