lundi 16 avril 2012

TIM HORTONS (or one coffee to rule them all)




Mercredi. Il est 5h15 A.M. Je me réveille péniblement.  Il fait toujours noir comme à chaque matin de décembre. Dans mon lit, je suis emmitouflé comme un cigare aux choux, bien au chaud à 350°F. Il n’y a que mon nez qui transperce les couvertures. Je suis bien mais je ne peux pas traîner au lit, car je dois me rendre jusqu’à Québec dans le cadre de mon travail.  J’hésite avant de sortir des couvertures. Je manque un peu de courage car il m’apparaît faire froid dans la maison. J’envoie comme éclaireur mon gros orteil. Celui qui n’a peur de rien, pas même des pattes de meubles qui foncent à l’occasion vers lui. Je le glisse à l’extérieur du lit et je l’agite pour prendre la température de la pièce. Il fait 12 degrés dans la pièce. C’est effectivement frette.



D’un seul bond, je file vers la salle de bain et saute dans la douche me réfugier sous l’eau chaude. Après m’être fait cuire à haute vapeur comme tout bon Dimsums, j’impose un nouveau choc thermique à mon corps en allant l’asseoir dans mon igloo de voiture.

Sur la route, mon véhicule met du temps à se réchauffer. Les deux mains sur le volant, les épaules soulevées, je roule à une vitesse responsable de  90-100 Km/h. Rien ne presse. D’ailleurs, il m’est impossible de dépasser la vitesse de mon cerveau qui demeure encore endormi et engourdi par le froid. Comme le dégivreur de la lunette arrière de ma voiture , une pensée réconfortante se mit à le déglacer : Il me faut un café !

Le café Tim Hortons est mystérieux. Encore plus que la « Caramilk » Ce café est délirant, voir peut-être même illégal. On doit y ajouter une drogue quelconque pour le rendre euphorisant. C’est certain. Comment se fait-il qu’on fait la file indienne au service à l’auto pendant que de l’autre coté de la rue, le Café-dépôt et le Mcdo semble fermés ? Le journal de Montréal devrait enquêter. C’est louche…  

Ce café exerce une emprise sur moi comme l’anneau maudite du Seigneur des anneaux. Je suis attiré vers lui. Je le convoite. Il m’envoûte. Il me transforme. A force d’en consommer tous les jours, il est certain que je finirai par prendre l’allure de Gollum. J’en ai la preuve, car je croise ce genre d’individu sur la route à tous les jours.  

Tout en filant sur l’autoroute 40, j’aperçois au loin, très haut dans la nuit de Berthier, l’enseigne lumineuse de Tim Hortons qui fonce sur moi tel l’œil menaçant de Sauron. Je suis maintenant fait. Pris au piège. Je deviens hypnotisé. Entièrement sous son emprise. Mon cœur palpite. Mon précieux... Il me faut mon précieux... Je m’engage vers la sortie. J’espère que j’ai la monnaie qu’il faut. Au guichet à l’auto, je commande comme à l’habitude: Un grand. Une crème et un sucre. On me donne le gobelet fumant et je retourne poursuivre ma route sur la 40 tout excité du plaisir qui m’attend. 

Du bout des lèvres, j’apprivoise le contenu pour ne pas me brûler. Dès la première gorgée, mes oreilles se mettent à applaudir sur mes tempes. Je suis envoûté et enflammé exactement comme Astérix après qu’il ait bu sa potion magique. Tim Hortons aurait-il découvert et commercialisé  la fameuse recette secrète de Panoramix ? Et si c’était le cas, ne pourrions-nous pas en offrir sur certains chantiers de construction au Québec comme celui de la 30 ? Du CHUM ? Du pont Mercier ? Du pont Champlain et de l’échangeur Turcot ? Peut-être arriveraient-ils alors à terminer le travail aussi vite que le Palais de Cléôpatre ?  

Au fil des gorgées, mon esprit s’active et file à la vitesse d’une chanson de Jean Leloup. Sans trop m’en rendre compte, ma voiture prend aussi de la vitesse. 110…115 …120 km/h. Je commence à parler tout seul. Je bouillonne d’idée autant pour le travail qu’au niveau personnel. Je projette des voyages partout à travers le monde. J’ai des projets ambitieux. Dans quelques années, le Cirque du Soleil représentera une petite PME au coté de mon entreprise. Je commence à me parler en anglais pour le plaisir. Je parle mieux et me comprend mieux…..    Je suis tout à coup bilingue…. 120-130-140 Km/h   JE SUIS LE KING OF THE WORLDDDDD !!!!!!!! 

Le gobelet est maintenant vide…. Zut! Quelle déception ! 

Le paradoxe du café est qu’autant il arrive à me séduire autant il finit par me dégoûter.

Je trouve qu’il n’y a rien de plus enivrant que l’arôme du café qui plane dans une allée d’épicerie. Rien de plus dégoûtant qu’une haleine de café.  

Rien de plus charmant qu’un sac de grains de café. Rien de plus répugnant qu’un cerne de café sur un bureau ou sur une cravate. 

Rien de plus délicieux que la bûche de Noël au café de ma mère, rien de plus infecte que le café instantané « Postum ».

Rien de plus réchauffant que d’enrouler ses doigts autour d’une tasse fumante. Cela me donne la sensation de tenir les mains réconfortantes de quelqu’un qui s’inquiète de moi.

Rien de plus sale qu’un gobelet écrasé qui se balance d’un coin de rue à l’autre.

Rien de plus « cool » que d’avoir une machine à espresso à la place d’un pot « Maxwell House » sur le comptoir.

J’aime définitivement le café autant qu’il me répugne. 

Me voilà déjà rendu à Québec ? Comme le temps à passé vite ! 

Merde…  une tache sur ma cravate…



MARS 2007


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