jeudi 6 septembre 2012

LA GAFFE

 



 
 

AVERTISSEMENT: Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que pur coïncidence.





Vous est-il déjà arrivé de gaffer au point de vouloir changer d’identité ? D’avoir honte à vouloir quitter le pays ? De commettre une bêtise à se mordre le front? D’avoir un foutu mal de tête à force de voir passer en rediffusion  la scène à oublier dans votre esprit? Vous est-il arrivé de manquer de jugement au point que, si vous vous trouvez sur un navire qui coule à pic, on sauvera l’équipage mais on vous laissera sur le bateau ? Que si vous êtes en montgolfière et que vous devez sacrifier quelqu’un pour gagner de l’altitude, c’est vous qu’on larguera ?

Je connais quelqu’un de ce genre… En fait… disons plutôt… une connaissance de loin.  Il s’agit de quelqu’un de mon entourage qui m’a raconté une histoire vraiment « pissante » à son sujet…  Une histoire invraisemblable qui n’existe que dans les films. J’aimerais beaucoup vous la raconter, mais j’ai fait la promesse de n’en parler à personne… Je comprends mon confident d’avoir insisté à garder le secret, car ce qu’il a fait vivre à sa famille est très gênant. S’il avait été d’une autre époque, il aurait été lapidé, jeté à la mer ou donné aux fauves pour être châtié. Il a préféré garder le silence pour sauver son honneur et celle de ses proches. Il tient à éviter l’humiliation ainsi que sa déportation au milieu du Pacifique.
Au fond, ce qu’il a fait n’est pas si grave… mais tellement « pissant »….!
Il faut absolument que vous sachiez cette histoire. Mais afin de ne pas trahir la promesse que j’ai faite à mon confident, je vais changer son nom pour respecter son anonymat. Appelons-donc  le gaffeur de notre histoire : Gaston
Gaston était enfin en vacances. Gaston avait une femme et trois enfants. Gaston avait envie de faire du camping avec sa famille. Sa femme aime beaucoup cette activité mais a une peur bleue des ours. Cette peur incontrôlable se déclenche aussitôt que la réservation est confirmée sur internet. Gaston se fait immédiatement rassurant et convint sa tendre moitié que les ours existent seulement dans les histoires de peluche et que la présence de campeurs dans une forêt  n’intéresse pas les ours, car ils sont trop occupés à dévorer les orignaux.
Gaston aime camper à la réserve faunique de la Mastigouche. Les terrains sont distants. La verdure dense. Les voisins éloignés. Gaston aime bien être en communion avec la nature. Il n’aime pas être en communion avec des roulottes voisines qui se croient- seul –au-monde- en-écoutant -my heart will go on- au-maximum. Gaston aime la tranquillité.
Gaston et sa famille arrivent à destination. C’est le paradis souhaité. Il n’y a que deux familles de campeurs sur 20 emplacements. Le séjour sera paisible. Céline ne sera pas du rendez-vous cette fois-ci. Gaston est soulagé. Gaston monte le campement comme tout bon homme de cro-magnon sait le faire. Il prépare le feu de bois. ‘’Patente’’ une toile à travers les arbres pour lutter contre les averses. Puis s’assoit, une Heineken à la main pendant que sa femme fait tout le reste….
Gaston et sa famille vont à la plage. La femme de Gaston n’a pas peur. Gaston l’a bien avisée qu’il n’y a pas de Piranha et de requins au Québec. Gaston fait du canot avec les enfants, des châteaux de sable et ramasse des couleuvres vénéneuses (Il avoue que cette petite menterie ''sucré''  a pour but que sa  femme l'admire pour son courage et qu’elle peut définitivement se sentir en sécurité auprès de lui!)  
 
Le soir venu juste avant le souper, les enfants demandent à Gaston de jouer à la forêt des Lutins. Gaston hésite un peu mais doit plier devant l’insistance de la marmaille. Le jeu de la forêt des lutins est un rituel de plein air inventé par Gaston et sorti tout droit de son imaginaire.
Ce jeu inventif va comme suit : Les enfants vont dans la tente pour ne pas être témoins des préparatifs. Le maître du jeu (Gaston ) doit d’abord tracer un parcours à travers les arbres à l’aide d’une longue corde. Tout au long de ce trajet (qui devra être ensuite parcouru les yeux bandés) les concurrents devront subir quelques farces et attrapes du type : Marcher sur des jouets pour animaux, être vaporisés d’eau, entendre de petits rires de lutins, recevoir au visage une araignée en plastique etc. Évidemment, les rires et les sursauts du concurrent #1 font « capoter » le concurrent #2 qui est toujours dans la tente; en attente de jouer;  ne voit toujours rien mais qui entend tout…
Gaston a toujours eu beaucoup de plaisir à organiser ce rituel qu’il réserve uniquement lors des séjours de camping familial. Toujours motiver par le dépassement de soi et le désir d'épater la galerie, Gaston voulait que le parcours soit plus surprenant que les années précédentes. Puis un éclair de génie lui traversa l’esprit. (Cette idée lumineuse s’avérera plus tard  pas plus brillante que la lumière du coffre à gant de la voiture…)
Il s’empare du pot de beurre d’arachide et décide d’en répandre  un peu  ici et là sur la corde : POUR  DONNER UNE SENSATION COLLANTE ET DÉGEU….qui disait….
Voilà le tour est joué! On peut maintenant commencer.
Le concurrent #1 débute le parcours. Il est nerveux comme à chaque fois. Il ne sait pas ce qu’il l’attend. Il avance tranquillement. Avec prudence. Il met le pied sur un canard de bain qui lâche un petit cri. Petit fou rire. Il chasse d’une main une branche qui ne cesse de le pourchasser en lui chatouillant les oreilles. Il ne quitte pas la corde qui le guide jusqu’au moment où il met les mains dans le beurre d’arachide.
Et Vlan ! L’effet bœuf recherché!
-Woach! Qu’est-ce que c’est que ça ? Cris le concurrent # 1 en essuyant ses mains sur lui et sur  l’écorce de l’arbre qui était à ses cotés…
Gaston se retient pour ne pas rire. Il est content et se trouve inventif. Maman qui n’avait pas été témoin des préparatifs devient blanche au fur et à mesure que le jeu se déroule.
Gaston prend conscience des conséquences de son trop plein d’imagination, pendant que la mascarade ce répète pour le concurrent #2.
Sa commence à sentir le beurre d’arachide à plein nez et à des kilomètres à la ronde. Le concurrent #2 continu sa route et prend plaisir à étendre le crémeux mélange tout au long du parcours.
Gaston ne rit plus. Pas même jaune… Il est grand temps que le jeu se termine.
Il regarde autour de lui. Il réalise davantage la solitude de son campement au milieu de la forêt. Pour la première fois, il souhaite  entendre My heart will go on à tue tête pour la sécurité de tous…
Il décide d’aller doucher les deux petites arachides le temps de réfléchir sur la situation. Il avait deux problèmes à résoudre. Primo : Calmer la panique montante de ma blonde. Deuxio : Prendre et annoncer aux enfants l’odieuse décision qu’il va falloir quitter les lieux et revenir à la maison.
Après avoir minutieusement nettoyé le beurre d’arachide que chacun avait de collé dans les oreilles, nous revenons voir si maman avait repris ses couleurs.
Pas vraiment. Bon.
Je m’ouvre une Heineken en canette. Je m’assois auprès du feu.  J’écoute le silence.
Un  bourdonnement se fait entendre dans ma tête : On part-tu ? On reste-tu ? On part-tu ? On reste-tu ? On part-tu ? On reste-tu ? On part-tu ? On reste-tu ? On part-tu ? On reste-tu ? On part-tu ? On reste tu ?
Puis une bataille d’écureuils éclate sur l’arbre sur lequel le beurre d’arachide s’était le plus incrusté dans l’écorce. Je fini ma bière d’un trait et je dis :
-On décriss!!!!!
...........Hein ! ...Je vous l’avais dit que cette histoire était pissante…!!!  
Je n’en reviens pas de ce Gaston! Quel  idiot ce Gaston…  Vraiment con ce Gaston… Pas très futé le gars…
Heureusement pour moi qu’il ne s’agit que d’une connaissance… Il me ferait trop honte!
 
Janvier 2010
 


 



3 commentaires:

  1. Très drôle, encore un beau compte, quel talent!

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  2. Pour moi , Gaston est Jocelyn ????

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  3. moi je confirme aussi c'est Jocelyn, juste par la heineken ;)

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