samedi 3 mars 2012

LE JOUR OÙ LA Wii EST RETOURNÉE DANS SA BOITE


Laurianne - C’est moi qui veux être Mario!

Francis -  Non, c’est mon tour! C’est toi qui l’avais hier.

Laurianne – Oui, mais c’est moi qui l’a dit en premier.

Francis – AHHH c’est pas juste, c’est toujours Laurianne qui décide…

Laurianne- O.K prend Mario mais c’est moi qui prends  la manette rouge.

Francis – Ben trop tard c’est moi qui l’a.

Émy – Moi… pas jouer à Mario, Moi veut jouer à juss….dansseee


Veuillez prendre note qu’au moment de cette discussion,  la console de jeux n’est toujours pas en fonction et qu’une fois fait, rien ne s’améliore…

Francis – Lauriannnnnnne…..! Attends-moi….! Tu vas trop vite je vais mourir!

Laurianne – Ben oui mais dépêche toi sinon c’est moi qui va mourir.

Francis- Laisse moi le champignon.

Laurianne – Oups…

Francis – Lauriannne…… (en chignant) j’t’ai demandé de me laisser le champignon…

Laurianne – J’ai pas fait exprès….

Francis – Tu fais toujours exprès…

Laurianne – c’est pas vrai!

Francis – Oui!

Laurianne – NON !

Francis – OUI!

Laurianne –NOOON…..!!!!

EMY – J’ai hâte de jouer moi….


Veuillez prendre note que le Père Noël, contrairement aux multiples lumières que l’on installe en son honneur, n’a pas été très lumineux lorsqu’il nous a apporté la Wii. Une famille, trois enfants et deux manettes… pas besoin d’être un comptable chevronné pour réaliser que ça balance pas. Bra-Vo…. Pas fort….le gars...
Mais je sais exactement ce que vous êtes en train de vous dire en ce moment: Comment se fait-il  que ces enfants sont  laissés à eux-mêmes ? N’y a t-il pas un adulte quelque part dans la pièce qui va finir par intervenir et interrompre cette chamaillerie ? Eh bien oui, il y a bien un adulte dans la pièce, mais il ne peut pas intervenir, car  il a décidé de fuir les lieux un moment... le temps d’un voyage astral  vers une plage des Bahamas…

De toute façon, les séances de Wii se déroulent toujours de la même façon, j’ai beau intervenir, écouter et régler le conflit qu’aussitôt que je tourne les talons, Mario se plaint de Luigi et vice versa. Il n’y  a vraiment rien à faire. C’est incontrôlable et indomptable.


Papa—NON Laurianne! Il n’y a pas de privilège. Tu ne peux pas jouer toute seule. Vous jouez tous ensemble. Je vous ai accordé une permission spécial jusqu’à 5h le temps que je termine le souper.

Laurianne—Ahhh ça m’énerve de jouer avec Francis, il m’écoute jamais….

Papa– Bien si tu n’es pas heureuse içi, il te reste le choix de faire ta valise et d’aller rester chez la voisine.

Elle déteste quand je dis cela….

Laurianne– J’hais-ça quand tu me dis: « va rester chez la voisine. »

Qu’est-ce que je vous avais dit…

Laurianne—C’est la dernière fois que tu me dis ça, c’es-tu clair? Sinon je vais le dire à maman. (claquage de porte de chambre)

Bon… j’ai couru après un ti-peu …. Je l’avoue…. Je vais quand même lui passer le mot que son timbre de voix n’est pas très approprié et que ma consigne, toute simple soit-elle, ne mérite pas qu’on réagisse ainsi et qu’on s’énerve de la sorte. Je cogne timidement à la porte de sa chambre.

Papa—Laurianne qu’est-ce qui se passe ? Je te trouve agressive. Pourquoi tu as de la colère? Est-ce que tu t’es chicanée à l’école ?

Laurianne— Tout s’est bien passé aujourd’hui. C’est toi qui a toute « fucké » ma journée…

(…) 

“C’est toi... qui a toute fucké... ma journée.”
Laurianne Brière 9 ans et demi, né le 17 juin 2001 et qui n’a pas idée qu’elle a été
à  deux cheveux de passer à travers la fenêtre le 26 Février 2011

Cette phrase m’est tombée dessus avec une violence qui rappelle l’effondrement des tours jumelles du 11 septembre. Parce que c’est effectivement l’enfance qui s’est effondrée à mes yeux. Une phrase dure. Une phrase qui fait des dégats. Une phrase d’adulte pour un adulte, pas d’une fillette envers son père.


Papa— Laurianne…. ce  que tu viens de dire est totalement inapproprié et très irrespectueux. Nous arrivons tous d’un séjour de Québec pour l’occasion de la relâche. Nous sommes allés en famille, à l’aquarium nous nous sommes baignés pendant deux jours à l’hôtel.  Vous avez eu le plaisir d’avoir votre propre chambre, votre propre télé, nous avons été nous amuser  parmi les manèges des galeries de la Capitale. Votre mère vous a acheté des surprises et autres petits jeux de société pour agrémenter vos soirées à l’hôtel. Nous avons très peu dormi ta mère et moi, parce que votre surexcitation vous réveillait entre vous et encore une fois votre mère a dû passer une partie de la nuit debout. Nous avons dépensé près  de 1000$ pour ces deux jours. 1000$ ça ne représente peut-être pas grand chose à ton âge, mais un jour tu comprendras les efforts que cela demande pour accumuler une telle somme…

Papa—Alors… ma chère fillette… tu crois vraiment que je m’amuse à « fucké » tes journées… et bien regarde moi bien aller...

Malheureusement pour elle,  c’est dans ce genre de moment que je suis le plus spectaculaire.

Dans un silence de mort, j’ordonne calmement que tous aille prendre leur bain. Après quoi le temps c’est arrêter pour eux.

Papa—Asseyez-vous sur le divan, je reviens.

Vision catastrophique. Sur le plancher du salon, il y avait la Wii, les manettes, les jeux, les fils et... la boîte.  Je suis dans la cuisine et je continue à couper mes carottes dans un silence de mort. Je laisse l’image foudroyante du plancher faire son effet.

Vient le moment des explications et de faire taire les chuchotements.

Papa -Les enfants, j’ai pris une décision. Comme vous le savez, il est arrivé un incident inacceptable avec Laurianne, plus tôt. Je crois qu’il est grand temps, pour nous tous, de prendre une pause de la Wii.

Francis s’est mis à manquer d’oxygène.

Papa—Les enfants, dites moi: qu’est-ce qu’un jeu pour vous?

Francis— Un jeu ?

Papa—Oui un jeu…

Laurianne—Un jeu… c’est pour s’amuser…

Papa—J’aime ça entendre ça…

Francis—c’est pour avoir du plaisir… c’est pour rire…

Papa—Très bien…. La Wii maintenant ? Est-ce que selon vous c’est un bon jeu ?

Francis— ……………..non…..

Papa–  Ah non ? Pourquoi ?

Francis– ça amène de la chicane… des conflits….

Laurianne—on crit… et on n’est pas respectueux...

Papa—Bien…. Voilà donc une belle leçon à retenir… maintenant nous allons tous y réfléchir durant les prochaines semaines. Fin de la discussion.

Je me suis trouvé tellement cruel que j’étais sûr que Claude Poirier était pour me dénoncer  sur les ondes de Salut Bonjour le lendemain…. 


« Le jour où la Wii est revenue l’amie de la famille »

Il fallait bien que ce moment arrive. Il fallait surtout trouver le moment juste et propice pour réhabiliter le jeu. Ce moment  s’est finalement présenté.

Francis franchit la porte de la maison comme un coup de vent avec son copain Antony. Il avait de la difficulté à reprendre son souffle. Visiblement, tous les deux avait fait la course avant d’arriver. Francis était tout excité de me raconter qui était Donkey Kong et comment  d’y jouer est amusant. Je le regardais me raconter tout ça, dans l’entremêlement de  ses fous rires, d’une multitude de phrases incomplètes, bafoués par une articulation qui manquait 4 dents au niveau du sourire. Bref,  je n’arrivais pas à comprendre un traître mot de son histoire si ce n’est qu’il était littéralement en  train de se dénoncer lui-même.

Papa—Francis dis -moi. Où t’a joué à Donkey Kong ?

Antony— Chez moi, M.Brière. Mais Francis ne jouait pas, je vous jure. C’est moi qui jouait.

Ouais-Ouais… merci Antony pour la couverture… mais j’ai déjà eu 7 ans moi aussi…..

Il n’était pas nécessaire d’en rajouter de toute façon. Francis  savait  qu’il était cuit. Ses lèvres se pincèrent. Ses yeux se remplirent d’eau. Il retenait la goutte qui voulait pendre à son nez.

Papa— Francis... pourquoi te mets-tu dans cet état ? Est-ce que c’est parce que tu te sens coupable d’avoir joué en cachette ?

Signe de tête et reniflement voulant dire: oui. Je souriais dans ma tête.


Le lendemain matin,  j’ai demandé aux enfants de s’assoir au salon là où la boîte de la Wii était bien placé au milieu du plancher.

Papa—Les enfants, hier Francis a démontré comment il est grand et comment on peut lui faire confiance, parce qu’il m’a dit la vérité. C’est pour ça que j’ai décidé de vous redonner la Wii ce matin.

On aurait cru assister à la reprise de la veille de Noël tellement les enfants criaient leur joie! (Lire - Le jour où le patin à surclassé la wii)

Même si la Wii était bel et bien de retour, Francis voulait quand même confirmer qu’il ne s’excitait pas pour rien.

Francis -  Euh papa ?  Est-ce que tu veux dire que si je n’avais pas dit la vérité, tu nous  aurais pas redonné la Wii ?

Papa- Oui c’est exactement ça mon gars!

Francis bomba le torse, pointa ses deux pouces vers lui et lança tout fièrement à ses deux sœurs:

« Quessé qu’on dit à Francis ? »

Il a reçu tellement de bisous qu’il en a tombé sur le dos.

Ces enfants sont vraiment imprévisibles….

( Mars 2011)

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