Je suis un dinosaure, je le sais et je l’assume. Je suis ancien, nostalgique et attaché au passé. Certains diront de moi que je suis un tantinet conservateur. Pas de cellulaire. Pas de câble pour la télé. Encore moins de satellite sur la maison. Scandale ! Outrage ! Des oreilles de lapin sur le téléviseur! Calomnie ! Pauvres enfants! Appelez la DPJ! Dénoncez-le ! Mais comment fait-on pour avoir une vie de famille équilibrée de nos jours sans 800 postes de télé HD me direz-vous ? Je crois que nous nous comprenons mal. Nous avons quand même accès à de l’eau chaude et l’électricité n’ayez crainte. J’ai simplement dit que je ne suis pas l’abonné d’un service de zappage multiposte.
Donc je disais : pas de cellulaire, pas de branchement quelconque, pas de Game Boy ou DS selon qu’on soit ancien ou non… Pas de Ipod. Encore moins de Ipad… Pas de page Facebook. Pas la moindre idée de l’importance de « tweeter ». Je suis une relique et en marge de ce qui évolue. Si la société était une feuille mobile et qu’il fallait illustrer chaque habitant selon son rang, mon bonhomme allumette ne serait ni sur les lignes ni en bordure, il aurait plutôt sa place parmi l’un des trois trous….
Ma conjointe n’a jamais été très favorable à ce que les enfants s’amusent avec une console de jeux, sous prétexte que cela n’est bon qu’à donner des ampoules aux doigts. Malgré cette réserve, je n’ai pu m’empêcher de redonner vie, en son absence, à mon vieux Nintendo tout poussiéreux de jadis. Dès lors, il était maintenant devenu impossible pour elle de protéger les enfants contre le mal, car secrètement il faisait parti de notre famille aussitôt qu’elle quittait pour le travail...
Qu’on le veuille ou non, une console de jeux est un outil très pratique au sein d’une famille. Elle permet de monnayer ce que l’on veut de façon très efficace.
De plus, les jeux électroniques sont essentiels au moral d’une société hyperactive où l’inactivité est devenue une source de stress et d’inconfort. Leurs utilisations soulagent ainsi aisément et momentanément tous ceux qui souffrent d’ennuis ou du « torrieu » syndrome du « Ché pas quoi faire…»
L’automne dernier, notre « Nounou Super Nintendo » s’est brisée. Plus de Mario. Plus de Luigi. Plus de monnaie d’échange pour rétablir l’ordre et la discipline. Qu’allons-nous devenir ? Qui donnera les bains ? Qui gardera les petits lors de nos weekends amoureux ? Il y a sûrement un moyen de la faire réparer. On doit trouver une solution et vite.
Noël approche. Je me frotte les mains. Quelle belle occasion de faire passer ce nouvel achat au conseil familial. Je présente le projet à la ministre des affaires culturelles c-à-d : Ma blonde. Elle n’est pas très convaincue à l’idée. Elle doit consulter la ministre de l’éducation c-à-d : Elle-même. Elle devra analyser la situation et vérifier auprès du ministre des finances s’il y voit une objection (cette fois-çi c’est moi !!! –applaudissement- J’ai donc de bonne chance !). Bref à la lumière des démarches administratives, études et rapports, le projet d’achat d’une console Wii est accepté! YES!
24 décembre. Le jour J. On dévoile à tour de rôle les petites boîtes colorées que le Père Noël nous a laissées sur son passage. Puis, vient le moment de déballer le dernier cadeau qui restait au pied de l’arbre. Celui dédié à toute la famille.
On lance le signal. L’excitation est intense, comme une pagaille de mouettes lorsqu’on lance une frite dans un stationnement. Puis c’est la découverte. Laurianne qui a 9 ans se met à crier de joie. Francis, 7 ans, tremble tellement il est heureux et Emy , du haut de ses 4 ans, qui n’a aucune idée de ce qu’est la Wii, crie quand même sa joie, parce qu’elle a l’habitude de toujours imiter les deux autres …
Les jours qui ont suivi ont été disons… plutôt… intense….très.
Le 27 décembre, la possession et l’emprise du jeu était à son apogée. C’était à même de se demander si nous ne devions pas considérer d’exorciser les lieux. Le jeune âge de Francis lui était salutaire, car autrement le laisser-aller aurait été catastrophique. À défaut, d’avoir une barbe de plusieurs jours, il avait encore les lèvres tachées de crotte de fromage de la soirée de Noël…
Bref, nous avons compris qu’il fallait mettre un terme à notre permissivité. Que malgré, la période de vacances, il fallait encadrer davantage les périodes de jeux.
PAPA- Francis c’est assez. Ferme le jeu.
FRANCIS- Je veux finir mon tableau P’pa.
PAPA- Non. C’est assez. Depuis 8h ce matin que tu joues. Il est 10h et quart c’est assez pour aujourd’hui.
Avec la nonchalance d’un éléphant, il se décoince du sofa, ferme la console et vient me rejoindre dans la cuisine pour me lancer désespérément :
FRANCIS- Ché pas quoi faire….
PAPA- (…) ?
Comment ? De quessé ? me stupéfais-je
PAPA- Heille gars…. T’a reçu plein de nouveaux jouets dernièrement sans compter ceux que tu avais déjà. Tu dois avoir pour 2000$ de Lego dans ton bac, sans compter les innombrables figurines et vaisseaux de Star Wars dans ta garde-robe. L’armoire à jouets est remplie de jeux de société. La bibliothèque refoule de livre et de bande dessinée de toute sorte. Nous avons tout ce qui faut pour colorier et bricoler des journées entières. Nous avons accumulé au fil des années plein de costumes d’halloween pour créer tous les personnages que tu imagines. Le magasin Toy’s are us t’envie d’avoir un aussi grand inventaire pour répondre à la demande. Ne me dis pas que tu ne sais pas quoi faire…
FRANCIS- Ché pas quoi faire… (Soupire)
PAPA- Veux-tu jouer à Battle Ship ?
FRANCIS- C’a me tente pas…
PAPA- Veux-tu dessiner ?
FRANCIS- Non.
PAPA- Vas construire ton nouveau Lego Hero-factory.
FRANCIS- C’a me tente pas…
PAPA- Bon. Bien. Je sais moi ce que tu vas faire. Tu vas aller d’abord nettoyer le jaune orange que tu as autour de la bouche. Tu vas enlever ton pyjama. Pis tu vas aller dehors prendre un bol d’air frais et te dégourdir un peu.
Aucune réaction. Je suis désespéré car mon ordinateur me semble définitivement plus animé lorsqu’il tombe en mode veille…
Bon ici, je dois arrêter la description de la situation parce que le processus de réanimation de mon fils a été interminable et à durée une bonne partie de la journée.
Nous avons alors réalisé que nous devions renverser la vapeur et vite. L’idée de faire une patinoire dans la cour avait déjà été suggérée dans le passé par la ministre de la santé publique (ma blonde). Le projet fut accepté et les budgets débloqués. Restait à convaincre les cols bleus familiales d’y travailler (euh…moi….)
Nous nous sommes empressés aussitôt chez Sports aux Puces. Scandale! Outrage.! Des patins usagés dans les pieds de ses enfants. Irresponsable! Appelez la DPJ! Dénoncez-le !
145$ plus tard, la famille au grand complet était bien chaussée et aiguisée.
Il ne manquait plus que quelques nuits rigoureuses et le déversement acharné de plusieurs litres d’eau pour faire apparaître un magnifique rond de patinoire surplombé d’un restant de lumière de Noël.
Croyez-le ou Non… Dès le lendemain de la réalisation… La Wii avait pris le bord….!
Dès 9h30, les enfants étaient vigoureux et prêts à fendre la glace. Ils s’étaient EUX-MÊME habillés avec leurs habits de neige et attendaient patiemment qu’on les aide à enfiler leurs patins. Ce jour là, ils ont passé plus de 4H à s’amuser à l’extérieur.
Ma blonde était contente. Les enfants n’auront pas d’ampoule sur les pouces de l’hiver. C’est plutôt moi qui les ai eues à force de lasser et délasser leurs patins à tour de rôle…Ouillle….!
Conseil d’Amis : Neufs ou usagés….Des patins avec attaches Velcro…c’est un must….
Joyeuses hiver!
(Janvier 2011)
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