vendredi 22 juillet 2011

LA LUTTE DU DIMANCHE


















 
Quand j’étais petit, je me posais toutes sortes de questions du genre : Est-ce que le Père Noël existe ? Est-ce que le bonhomme 7 heures arrive vraiment à 7 heures. Est-ce que la fée des dents a des dents ?  Puis un jour, on atteint l’âge de connaître tous ces petits secrets. Cependant, il demeure une question qui  a toujours embêtée les adultes : La lutte. C’es-tu vrai ?  Au temps de ma jeunesse, chacun avait son opinion sur le sujet. Personne n’en était certain. Des fois, ça avait l’air arrangé avec la compagnie Heinz, d’autres fois c’était  convaincant et spectaculaire à retenir son souffle. Surtout  avec tous ces sauts périlleux de la 3 ième corde! J’en ai encore des frissons!
Un bon dimanche matin mon fils me dit : On fais-tu de la lutte dans ton lit? Cela tombe bien car, j’ai ce matin  exactement l’attitude « brute » qu’exige tout bon « méchant » de la lutte. Je suis décoiffé, j’ai des crottes dans les yeux, j’ai le visage plissé encore par les couvertures et j’ai surtout une haleine matinale très menaçante. J’accepte l’invitation et décide de personnifier  Hulk Hogan. Dans un rugissement, j’enlève mon haut de pyjama pour intimider mon adversaire et lui dévoiler mon ossature et les quelques poils frisés de mon torse. Francis c’est le « Bon. » Il devrait être plutôt dans la catégorie « Nain » à cause de  ces 3 pieds de hauteur. Cela ne l’empêche pas de vouloir m’affronter. Son rugissement ressemble plutôt au miaulement d’un lionceau qui devra attendre encore quelques années avant  de muer.
Puis la bagarre éclate dans les couvertures. Je prends la voix française d’Édouard Carpentier pour commenter le match que je dispute : J’enchaîne et fais la description des prises les plus populaires. Je n’en oublie pas une : que ce soit le fameux «  Coup de boule! » la « Savate Thaïlandaise » sans oublier la fameuse prise «  du sommeil ». J’y vais même de mes propres créations :
-     La prise «  des becs de canard » qui consiste à pincer l’entrecuisse de l’adversaire avec son pouce et son index.
-     Ou bien « c’est qui le plus beau? » Une fois que l’adversaire est immobilisé au sol, on le ru de petites claques au visage en lui demandant « c’est qui le plus beau..? »
-      La prise de la « Crotte de nez ». Variante de « qui est le plus beau? ». Il suffit d’immobiliser l’adversaire sur le dos et de lui faire manger une crotte de nez au choix. (les nôtre ou les siennes…) Une prise très efficace pour faire paniquer l’adversaire!
La bataille est intense. Les coups d’oreiller sont à l’honneur. Tout à coup, « Wonder Laurianne » et « Emy little cricket » arrivent par derrière et viennent à la rescousse du « Bon » qui est en difficulté. Le combat se joue maintenant trois contre un. J’ai de la difficulté à m’en sortir. Je n’ai plus assez de crottes de nez pour me défendre…Puis, il arrive ce qui arrive à chaque dimanche matin…
Bang…. (Silence) Woinnnn…..!!!!!
Dans la lutte familiale, ce qui met fin au combat ce n’est pas le son d’une cloche comme à la télévision, ce qui met fin à un combat c’est lorsque quelqu’un tombe tête première en bas du lit et que maman arrive dans le ring pour consoler celui qui pleure et fait sentir « cheap » le-méchant-papa-qui-aurait-du-faire-attention ….
C’est le seul moment où Hulk Hogan est soudainement petit dans son maillot…
Bien que ce petit rituel du dimanche ait beaucoup de succès, il était temps pour moi de faire vivre une véritable expérience de lutte à mon fils. C’est une affiche annonçant une soirée de lutte à l’aréna de la ville, qui me donna l’idée de me procurer des billets. Je suis tout excité le soir venu de vivre une soirée intime en compagnie de mon fils et la bande de Jacques Rougeau. Francis est émerveillé par le ring. Quant à moi je me remémore tout ces grands noms qui ont côtoyé mon imaginaire d’enfant: Randy « the Macho man » Savage (et bien sûr la belle Elisabeth!) ; le géant Ferré; Ricky « the dragon » Steam boat; Brutus « The barber » Beefcake. Tout ces grands noms maintenant disparus mais toujours bien vivants dans ma mémoire. Je sors aussitôt  de mes rêveries dès que la fameuse cloche du début des combats se fait entendre. On chahute les « méchants ». On encourage « les bons ». C’est classique. Ça reste pareil. Ça ne se démode pas. Les combats s’enchaînent les uns après les autres. On a beaucoup de plaisir à être entre père et fils. On a aucune idée à quel moment les combats vont se terminer car maman n’est pas là pour consoler les perdants… Puis le dernier combat est annoncé.  Jacques Rougeau contre Brutus. 7 pieds 2 pouces. Un combat qui nous a donné la chaire de poule…. Évidemment les bons triomphent toujours des méchants. C’est classique. Ça non plus ça ne se démode pas.
Finalement…« Est-ce que la lutte c’est vrai? »
J’ai eu finalement ma réponse ce soir là.
M.Rougeau :  Je vous crois maintenant. Vous l’avez toujours affirmé :
La lutte… C’est vrai que ce n’est pas « arrangé »
Il n’y a rien de plus vrai et authentique que d’être avec son fils le temps d’une soirée puis, d’aller parler de l’après-combat autour d’une patate frite et d’un jus de raisin à la Belle Province.

Novembre 2010

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