mardi 24 juillet 2012

LE FABULEUX DESTIN DE CHANEL


Les histoires qui nous font rêver ont souvent la même structure : Vêtue de haillon, la pauvre Cendrillon ne pouvait aller au bal  - ou bien – Céline était triste à Charlemagne et rêvait de conquérir Las Vegas…

Parmi toutes les histoires enchantées les plus adorables, il y a celles aussi qui mettent en scène des chiens comme héros. Nous n’avons qu’à nous rappeler celle de : Lassie, le Vagabond, Benji, Balto, Les 101 Dalmatiens, Rox et Rouky, Belle et Sébastien, sans oublier la scène inoubliable du spaghetti à la boulette de viande de La Belle et le Clochard de Walt Disney.


Histoires classiques me direz-vous, mais j’en ai une à vous raconter qui tient d’un conte de fée tellement elle est surréaliste. Cette histoire n’a pas été inspirée d’un fait vécu. Elle fut un fait vécu. Elle n’a pas été orchestrée par un metteur en scène quelconque. Elle s’est déroulée tel que je vais vous la raconter.

Voici comment débute l’histoire de Chanel et son fabuleux destin.

Bien qu’elle soit heureuse, elle commence néanmoins par une triste situation.

Cette histoire se passe au 48 Lemoyne. La demeure familiale de l’un de mes vieux copains. Ce jour là, une bien triste nouvelle fut annoncée quant à l’état de santé de la mère de famille. Un deuxième cancer est apparu suite à une rémission et laisse entrevoir au cours des prochains mois le pire à venir. La mère de famille formule aussitôt le souhait de demeurer chez elle tout au long de ses traitements. Si elle devait mourir prochainement, elle tenait de tout cœur que ce soit à la maison.

Dans de telles circonstances, rien de mieux que de faire entrer de la vie chez soi pour y éloigner la mort.

Voilà pourquoi, on lui donna pour animal de compagnie : Un gentil Wheaten Terrier à qui on donna le nom de Chanel.

« Une petite ambiance s’impose. Faites jouer la trame sonore d’Amélie Poulain et poursuivez votre lecture »


Chanel est une gentille petite chienne bouclée. Chanel aime : prendre des marches. Chanel aime aussi sauter et s’exciter lorsqu’elle entend la sonnette de la maison. Elle aime déterrer les os qu’elle a cachés dans la cour… Bien les lécher et les enterrer de nouveau… en vain. Sur la route, elle aime sortir sa tête par la fenêtre de l’auto et courir après les moufettes.

Chanel n’aime pas :  être arrosée par les moufettes… Être tirée par la queue et qu’on lui renifle le péteux… Chanel n’aime pas les restant de table et se faire tondre comme un caniche.

Il n’a pas fallu grand temps pour qu’une grande complicité s’installe entre Chanel et sa maîtresse. Les animaux ont ce sixième sens qui les rend souvent moins bêtes que les humains et le système de santé…

Deux ans de traitements à domicile ont passé. Au cours d’une sieste d’après-midi un ange  passa. La maitresse ferma ses yeux. La lumière était douce. Elle était maintenant bien là où elle était rendue et ne souffrait plus. Enfin.

Chanel était triste. Elle qui prenait ses fonctions de zoothérapeute à cœur. En perdant sa maîtresse, elle redevenait la simple chienne qu’elle aurait du toujours avoir été : Celle qu’on doit sortir pour une promenade et que l’on doit contrôler pour ne pas qu’elle aboie.


C’est avec beaucoup d’émotions et de tristesse, que pour le bien de chacun Chanel fut donnée à une famille d’accueil qui fit la promesse d’en prendre bien soins.  Le nouveau refuge de Chanel aurait fait l’envie de bien des chiens de ruelle. Il n’y rien de mieux que de vivre à la campagne, sur une ferme en compagnie de jeunes enfants.

Chanel est quand même triste. Elle n’a pas un aboiement à dire. Elle rassemble son bol, sa laisse et quitte le 48 Lemoyne sans trop agiter son p’tit bout de queue, laissant un tas de souvenirs derrière elle.

Malgré toute la gentillesse de ses nouveaux maîtres, Chanel n’aime pas son nouvel environnement. Elle a le mal du pays. Elle s’ennuie de sa maîtresse et du 48 Lemoyne. Elle aurait pu fuguer comme Le Vagabond, mais pour aller où ? Elle n’a même pas de quoi se payer un spaghetti à la boulette de viande….

Le comportement délinquant des dernières semaines a forcé le retour de Chanel à son premier propriétaire qui par ses déplacements réguliers ne pouvait définitivement plus s’en occuper. Il fallait à tout prix lui trouver une autre famille d’accueil.

On doit savoir que le pelage des Weaten terrier a quelque chose de particulier. Il s’apparente plutôt à des cheveux que des poils d’animaux. Par conséquent, pas de poils sur le canapé, pas le désagrément d’odeur de chien mouillé et aucune réaction ou incommodation pour ceux qui ont des allergies.

Voilà une bête idéale pour mon ami Patrick et sa copine qui ont entendu parler du triste sort de la gentille chienne et qui ont manifesté aussitôt l’intérêt de l’adopter. Chanel quitte à nouveau le 48 Lemoyne pour le 3251 Louis-Veuillot. Cette fois-ci pas de fermette à la campagne au programme, mais une galerie au sommet d’un 4 et demi. Chanel retrouve néanmoins le goût de vivre et sautille de nouveau à chaque fois que l’on sonne à la porte.

Quatre années passèrent. La venue d’un bébé presse le jeune couple à trouver une maison pour la famille qui s’agrandit. A cette même époque, le marché de l’immobilier est fébrile. Les taux d’intérêts n’ont jamais été aussi bas. Les maisons se vendent comme des Super 7 lorsque le gros lot est de 40 millions. Mon ami Patrick avait entendu dire que le 48 Lemoyne, qu’il connaissait bien, était à vendre.  Il n’était pas question de manquer cette occasion. Une offre fut présentée et Chanel eu la surprise de sa vie quelques semaines plus tard de retourner là où elle n’aurait jamais dû partir : Le 48 Lemoyne.

Comme quoi les histoires fabuleuses ne se passent pas uniquement entre Charlemagne et Vegas. Que les chiens eux aussi peuvent avoir un destin fabuleux.

Et que surtout les gens que nous avons aimés et qui nous ont subitement quittés sont toujours là pour veiller sur ceux qui reste.


Août 2007

1 commentaire:

  1. Wow. j'ai une larme à l'oeil. J'ai aussi bien connu, le 48 Lemoyne.

    marc

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